Sound system contre la fin de la trêve hivernale

Le 5 étoiles n’est pas un choix d’habitation pour nous qui sont contraints d’y vivre. L’existence de ce squat et de sa longévité n’est que le résultat de l’(in)action des autorités. Ce lieu nous l’occupons depuis novembre 2017 après l’expulsion de la gare de Saint Sauveur pour éviter que l’on se disperse dans la ville. Cela fait des années que les autorités ne respectent presque jamais leur obligation légale d’hébergement. Ainsi en théorie, l’ensemble des demandeur.es d’asiles devrait être logé par l’État quand le département pour sa part doit prendre en charge les mineur.es isolé.es. Mais le manque de place dans les structures est leur excuse depuis toujours, le fait que personne n’y remédie laisse penser qu’il s’agit d’une volonté. Avec la fin de la trêve hivernale, comme l’année passée, nous allons voir le retour au squat de quelques uns de nos amis logés pour l’hiver.

Comment pourrait-on consciemment choisir de vivre dans un lieu avec des conditions de vie aussi compliquées? Nous dormons dans un hangar sous des tentes ou alors dans les quelques bureaux désaffectés. L’eau et les toilettes sont présents simplement parce que cet été nous nous sommes mobilisés avec nos soutiens et l’aide d’associations pour réclamer ce droit le plus simple. L’électricité coupe régulièrement alors qu’elle nous permet de nous chauffer et de cuisiner un peu. Les associations humanitaires qui passent nous donnent bien souvent de la nourriture périmée (depuis 2016 dans certains cas) qui ne nous convient pas. On se débrouille alors pour faire nos propres préparations. Après 17h, nous sommes obligé.es de rentrer dans les tentes tant le froid fait sentir sa présence. Dans ces conditions, c’est avec tristesse et révolte que nous voyons certains de nos amis se comporter de manière perdue.

   Pour nous, il nous semble évident que c’est à partir d’un logement décent que l’on peut construire notre futur dans ce pays. Nous avons tous ici envie d’avancer dans nos démarches administratives, d’aller à l’école ou de faire une formation, de faire des activités associatives ou sportives. Comment cela peut-il être possible sans un endroit tranquille où nous reposer ? Nous pensons que c’est à partir de l’hébergement, quand nous ne vivrons plus dans la rue, que nous pourrons nous en sortir. D’ailleurs quel drame pour nous de voir ce qu’est en réalité la France. Pour la plupart d’entre nous nous sommes francophones suite à l’histoire coloniale de nos pays. La France était à nos yeux un pays de droit et d’égalité. Mais quelle est cette liberté de choisir entre un hangar et la rue ? On ne peut être libre en vivant à la rue sans ressource.

Aujourd’hui, les rumeurs courent que l’expulsion approche. Nous sommes obligé.es d’accepter ce fait car c’est leur loi. S’il y a expulsion, nous espérons que des lieux d’hébergement seront proposés. Sans cela, nous ne comprenons pas que l’on puisse nous expulser pour nous mettre à la rue. Nous sommes inquiets pour la suite de nos procédures et des activités que nous avons entamé. Nous voulons rester à Lille. Nous voulons un hébergement pour tout le monde. Nous voulons la scolarisation et la formation pour tout.es et tous.

Pour s’entraider, lutter, chanter, danser, partager un repas, vivre, s’organiser collectivement, n’hésitez pas à nous rejoindre à l’assemblée ouverte chaque dimanche 15h au 5 étoiles (15rue jean Jaurès).

PARTOUT CHEZ NOUS !!

Venez lutter et danser avec nous ce dimanche 31 mars au 5 étoiles !